Je suis né dans une île amoureuse du vent...

Bonjour à tous.

C’est moi : jp

Je suis né dans une île amoureuse du vent…

Je suis Martiniquais et je vis au pays.

Voyages, culture, musique : tout m’intéresse, d’ici ou d’ailleurs.

J'aime : la cuisine de mon pays, lire un bon livre, le zouk et le blues, la biguine et le gwoka...


Eternel actif, je rêve de satisfaire mes passions d'humaniste et mon envie d'être utile.


Ma devise : "Exister est un fait, vivre est un art" (Frédéric LENOIR)




dimanche, février 10, 2013

Rudy Rabathaly : bravo l’artiste !



Rudy Rabathaly : bravo l’artiste !


Décidément : Rudy Rabathaly est un homme modeste.

Rudy RABATHALY



Rédacteur en chef ayant réussi la modernisation de l’édition Martinique du journal France Antilles, Rudy RABATHALY anime depuis bien des années une chronique hebdomadaire paraissant le samedi, Pawol anba fey.
Pour ma part  longtemps  je n’ai raté sous aucun prétexte sa parution du samedi, savourant avec délice et admiration son talent pour saisir de manière si juste et si plaisante le fond de l’âme du pays Martinique, un harmonieux "mélange" de français pimenté de créole.

Le voici maintenant nous offrant un recueil de morceaux choisis de ses parutions hebdomadaires, témoins d’une Martinique que je qualifierais de la fin du XXème siècle.
En voici un exemple :


Extrait
Toujou sapé
« Arcadius est ce que l’on appelle un pwélè. Du lundi au dimanche, ses chemises et pantalons sont èskanpé, ses souliers cirés et une raie trace un sentier sur le côté gauche de sa tête astiquée de brillantine. Depuis qu’il habite Ducos, la geôle, Arcadius a perdu un peu de sa superbe. Si pour le pantalon et la chemise, il se débrouille pour qu’ils soient toujours bien mis, par contre, pour sa raie sur le côté, il a un peu plus de mal.
Il a peur de sortir sa vaseline devant ses compagnons de cellule. »


Pawol anba fey de Rudy RABATHALY, Editions Jasor


La municipalité de la ville de Schoelcher en Martinique avait organisé le 8 février 2013 une séance  dédicace précédée d’une lecture d’extraits puis d’une présentation du livre par Jude DURANTY, Jean-Marc TERRINE et Serge HARPIN. Une présentation dont le présent billet s’inspire largement.

Selon Serge HARPIN, le livre nous offre une série de billets magistralement écrits, ayant l’avantage du recul et la marque de l’autodérision ; dans Pawol anba fey, Rudy Rabathaly pratique avec bonheur l’art de sublimer la banalité du quotidien, les noms des ses acteurs (plus de 130) suggérant un univers populaire d’avant modernité.

Cet aspect d’autodérision m’avait toujours séduit. Mais je dois avouer que j’avais sous estimé le travail et la démarche à l’origine de cette belle vitrine du patrimoine martiniquais.

En effet, afin de produire sa chronique hebdomadaire, Rudy Rabathaly prend chaque semaine l’autobus ou le taxi collectif (en créole martiniquais taxico ou tombé lévé) puis nous en livre en semi-direct, en journaliste de la presse écrite, le résultat. Ses prénoms  qualifiés d’anciens (Fertilise…), il les relève avec soin dans les rubriques nécrologiques et les avis d’obsèques diffusés à la radio le matin.

Mais il y a plus : l’auteur a réfléchi sur la langue et sa démarche vise à « être en adéquation avec l’imaginaire du lecteur qui est fondamentalement créole et martiniquais ». Et il ajoute : « Je crois davantage à une créolisation des écrits journalistiques qu’à une créolographie d’un journal ».

"Je crois davantage à une créolisation des écrits journalistiques qu’à une créolographie d’un journal"  Rudy Rabathaly

Décidément, Rudy Rabathaly est un homme rempli de modestie : au fil des mois et des années, il a su tisser la toile d’une tapisserie de l’imaginaire martiniquais.

Bravo l’artiste !




Schoelcher, Martinique, le 10 février 2103

Jean-Pierre MAURICE

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