C’est par l’Angelus, ce très
beau tableau du Martiniquais Henri Gueydon, que s’ouvre ce modeste coup de projecteur sur cet
élément important du patrimoine
martiniquais : le jardin créole.
Angelus d'Henri Gueydon (détail). Deux cultivateurs prient à l'heure de l'angelus, le coutelas planté en terre. |
Sous le nom de jardin caraïbe, cette belle réalisation qu’est
l’écomusée de l’anse Figuier à Rivière Pilote présente le jardin créole comme un micro-espace d’exploitation
agricole familiale portant les marques originelles des composantes amérindiennes
et africaines.
Autre acteur engagé, le sociolinguiste Serge HARPIN a donné ses lettres de noblesse au jardin créole en menant
des enquêtes sur ce sujet, sur les quatre îles créoles
que sont la Dominique, la Guadeloupe, la Martinique et Sainte Lucie.
Serge Harpin, sociolinguiste martiniquais, auteur d'une recherche sur le jardin créole |
Selon l’hebdomadaire Antilla
citant Serge Harpin, on relève :
« la proximité du jardin créole avec la maison
d’habitation et le caractère familial de l’exploitation.
Le jadin-bô-kay est en filiation directe avec
le jardin des esclaves.
Le jardin créole est un système traditionnel
d’association de cultures, à base vivrière, orienté vers l’autoconsommation ;
le surplus étant réservé au marché intérieur.
Ce système traditionnel d’association peut réunir un très grand nombre d’espèces et de variétés sur une même surface, généralement modeste voire très modeste. »
Ce système traditionnel d’association peut réunir un très grand nombre d’espèces et de variétés sur une même surface, généralement modeste voire très modeste. »
Le saviez-vous ? Le jardin créole comporte
aussi des plantes médicinales (en créole : rimèd razié), et même une
protection contre les mauvais sorts.
Il est organisé en « carreaux »
(espaces) : carreau d’ignames mélangées à des choux de Chine, carreau de
cultures maraîchères…
Dans la mémoire collective, le jardin créole a sa place :
Durant la deuxième guerre
mondiale, durant la période dite de l’amiral Robert, la Martinique avait su
faire face au blocus maritime en utilisant ses ressources agricoles. Cette
période dénommée « an tan Robè » (du temps de l’amiral Robert), est
restée dans les mémoires comme une période difficile, mais néanmoins réussie
par la population.
Et depuis, la grève de 2009, durement
ressentie, a posé la question de la dépendance alimentaire.
Décidément, le jardin créole n’a pas dit son
dernier mot…
N’est-ce pas ?
Jean-Pierre MAURICE
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